Les recensements de la population de Saint-Barthélemy : 1671 à nos jours

Rue de Gustavia - Saint Barthélemy

Les premiers recen-
sements « françois » de la population

Les recensements de population présentés ici sont, pour les plus anciens du moins (jusqu’à la rétrocession en 1878 de l’île suédoise de Saint-Barthélemy à la France), des tableaux "brut d’archives" c’est à dire des retranscriptions de documents tels qu’ils se trouvent dans les nombreuses et diverses archives de Saint-Barthélemy éparpillées entre Europe et Amériques.

Pour un même recensement, d’autres valeurs peuvent se trouver par-ci par-là, notamment celles émises par feu le Centre de Recherche Caraïbes de l’Université de Montréal dont les dépouillements et nombreuses études démographiques ont permis d’apporter un certain nombre de corrections. Malheureusement, selon Mme Francine M. Mayer : « les fichiers des recensements ne sont pas exportables et ne le seront pas avant longtemps ».

Il se trouve aussi beaucoup d’erreurs et d’"approximations" dans les recensements eux mêmes bien sûr, par la force des choses

c’est une évidence, et jusque dans les sommes s’agissant notamment des tous premiers recensements « françois »; et quelques recensements et chiffres mentionnés de-ci de-là dans des écrits bien postérieurs resteront pour longtemps énigmatiques.

En 1844 on pouvait lire ceci dans la Revue Coloniale [Extrait des annales maritimes et coloniales, Paris, tome IV, Imprimerie Royale, p. 482-485, 1844. ANONYME. « Île suédoise de Saint-Barthélemy »] : « La seule ville qui existe à Saint-Barthélemy est Gustavia ; elle est bâtie sur le port dit le Carénage et peuplée surtout de négociants. Suivant Boyer-Peyreleau [édition de 1823], le nombre de ses habitants, y compris les esclaves et quelques gens de couleur libres, est de 8 à 900 individus, et la population des campagnes ne s’élève pas au-delà de 400 blancs et de 3 à 400 esclaves, ce qui porterait au maximum, la population totale de l’ile à 1,700 individus ; d’autres l’estiment à 3,000 ; Balbi [édition de 1842] l’évalue à 10,000 ; mais ce chiffre n’est nullement vraisemblable. Il serait difficile, au reste, de donner le chiffre précis de la population de la colonie, parce que, l’île n’étant soumise à aucun impôt de capitation, les Suédois n’en ont jamais fait le recensement. »... à vrai dire : on ne pourrait trouver plus nombreux et précis que les recensements suédois de Saint-Barthélemy !

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Les recensements de population suédois, réguliers et rigoureux

La prise de possession de l’île de Saint-Barthélemy par les suédois en 1785 va se traduire par une véritable explosion démographique. Selon l'un des recensements les plus évocateurs et paradoxalement des plus méconnus puisqu'aucun chercheur ne l’a jamais mentionné : celui de 1785 par quartiers, la population de Carénage / Gustavia n’était alors que de 23 habitants (17 blancs et 6 esclaves) ! Quelques vingt-sept années plus tard, en février 1812 [cité par E.O.E. HÖGSTRÖM en 1888 dans sa thèse « S. Barthelemy under Svenkt Välde » : recensement non retrouvé à ce jour], la population de Gustavia atteignait son point culminant avec 3881 habitants recensés (1025 Blancs / 1038 Libres / 1818 Esclaves), un chiffre qu’elle n’atteindra peut-être jamais plus; la ville de Gustavia se classait ainsi virtuellement au 10ème rang des villes les plus peuplées de Suède :

Stockholm .. 65 474 hab.
Göteborg .... 14 346  "
Karlskrona .. 10 639  "
Norrköping ... 9 048  "
Malmö .......... 5 796  "
Gävle ............ 5 558  "
Falun ............ 4 266  "
Kalmar ......... 4 237  "
Uppsala ........ 4 076  "
Visby ............ 3 577  "
[population 1810. Source : Statistiska centralbyrån = Statistics Sweden]

Saint-Barthélemy comptait alors un total de 5482 habitants (1948 Blancs/ 1128 Libres / 2406 Esclaves); suite au "déclin" qui suivra, un total équivalent ne se rencontrera qu’au recensement de... 1990 [5038 habitants. Source Insee recensement de la population (population sans doubles comptes)] : les suédois de retour ?

Pour les années qui précèdent l’abolition de l’esclavage, les recensements avaient coutume de distinguer 3 classes : 1ere classe / 2eme classe / 3eme classe; soient, selon la "terminologie" reprise par le Centre de Recherche Caraïbes : Blancs / Libres de couleur / Esclaves; et couramment usité en anglais à l’époque : Whites / Free coloured / Slaves.
Après l’abolition de l’esclavage, et jusqu’en 1857, les habitants seront "estampillés" A / B / C, sous entendus : Whites / Coloured / Emancipated. Les « émancipés » étant par la suite "pistés" par un petit "é" dans une dernière colonne sans titre, et ce jusqu’aux tout derniers recensements suédois : il en va ainsi en décembre 1872, soit plus de vingt-six ans après l’abolition de l’esclavage à Saint-Barthélemy et moins de six ans avant la rétrocession de l’île par la Suède.

S'agissant des recensements faisant suite au retour à la France, cet extrait : « Le premier recensement effectué selon des méthodes valables a été celui de 1954. Pour donner une idée des erreurs des recensements antérieurs, on indiquera qu'en 1931, il ne devait pas y avoir plus de 154.000 personnes en Guadeloupe alors que le recensement donnait le chiffre de 267.000 » [Résultats statistiques du recensement général de la population des départements d'outre-mer effectué le 9 octobre 1961, I.N.S.E.E., Imprimerie nationale, Paris]...